
Harry Potter, notre sorcier préféré des années 2000, héros de millions d’enfants (et d’adultes, ne faites pas semblant), est aujourd’hui au cœur d’une tempête politico-numérique à faire trembler même Voldemort.
À peine la nouvelle distribution annoncée par HBO, que la twittosphère s’enflamme comme un Feudeymon. Les visages connus, de Katherine Parkinson à John Lithgow, doivent se justifier sur leur rapport à J.K. Rowling et aux débats identitaires. Comment un univers fait de magie, d’amitié et de chocogrenouilles a-t-il fini par devenir un tel champ de bataille idéologique ?
Harry Potter : de conte magique à débat idéologique
Souvenez-vous du bon vieux temps où lire Harry Potter rimait simplement avec émerveillement et imagination, loin des débats enflammés sur Twitter ? Aujourd’hui, chaque acteur recruté pour le remake HBO doit affronter une bataille rangée avant même que la caméra ait tourné.
Quand John Lithgow accepte de jouer Dumbledore, on ne lui demande plus seulement s’il a révisé ses sorts, mais surtout s’il cautionne ou non les positions controversées de J.K. Rowling. Katherine Parkinson, célèbre pour son rôle culte dans The IT Crowd, se retrouve ainsi mêlée à la polémique, accusée indirectement d’être alignée sur les idées transphobes du scénariste Graham Linehan, avec qui elle a collaboré auparavant. Même Nick Frost, qui s’était pourtant donné du mal pour incarner Hagrid, en écrivant 5 000 fois son nom pour « entrer dans le personnage », a dû désactiver les commentaires de son compte Instagram face au déferlement de critiques.
Ces comédiens, qui rêvaient peut-être juste d’une chouette saga et d’un bon cachet, se retrouvent contraints d’endosser des rôles d’ambassadeurs involontaires dans une guerre culturelle qui dépasse largement les murs de Poudlard.
Bienvenue en 2025, où accepter un rôle dans Harry Potter devient un choix éminemment politique !
Poudlard se transforme en tribunal populaire
Sur les réseaux, on assiste à une véritable chasse aux sorcières inversée : qui est woke, qui ne l’est pas assez ? Les acteurs du nouveau Harry Potter cherchent à anticiper les controverses, mais se retrouvent malgré eux, pris dans une guerre idéologique imprévisible. Paapa Essiedu, par exemple, signe une pétition pour protéger les droits des personnes trans, espérant ainsi échapper à la critique. En vain.
Peu importe leur prise de position, les comédiens sont systématiquement jugés coupables de complicité avec Rowling ou de trahison envers l’œuvre. Le public, autrefois simplement fan, se transforme en jury implacable, évaluant chaque déclaration, chaque tweet, chaque silence. Pour HBO, chaque annonce devient un véritable exercice d’équilibriste.
Au final, acteurs et fans se retrouvent obligés de choisir un camp ou d’être jetés aux lions numériques. Poudlard, jadis refuge pour jeunes sorciers rêveurs, ressemble aujourd’hui davantage à un tribunal populaire permanent qu’à une école de magie.
Même la cape d’invisibilité ne protège plus de la polémique
Le plus frustrant dans cette affaire, c’est sans doute l’impossibilité d’y échapper. Que l’on aime Harry Potter ou non, il est devenu quasi impossible de rester neutre. Si vous regardez la série, on vous accusera peut-être de financer indirectement J.K. Rowling. Si vous boycottez, on vous reprochera d’être un « woke » frustré incapable de distinguer l’art de l’artiste.
Une chose est sûre, chacun semble déjà avoir pris position, à tel point que la série, prévue pour durer au moins dix ans, promet une décennie entière d’affrontements idéologiques.
Ces Serpentards qui, ironiquement, sont du bon côté de l’histoire
Parmi les tempêtes idéologiques autour de Harry Potter, ce sont finalement les anciens Serpentards (et pas les plus aimants) qui apportent une bouffée d’air frais. Tom Felton, alias Drago Malefoy, et Jason Isaacs, son père à l’écran, Lucius Malefoy, ont choisi d’ignorer la polémique en misant sur la simplicité et l’humour plutôt que sur les débats politiques.
Felton, interrogé par Variety lors des Tony Awards, s’est dit avant tout « incroyablement reconnaissant » envers J.K. Rowling pour la vie extraordinaire qu’elle lui a offerte grâce à Harry Potter. Conscient des controverses, il préfère rappeler la puissance fédératrice de Harry Potter, qui a réuni des générations entières plutôt que les diviser.
De son côté, Jason Isaacs, interpellé sur le casting de Johnny Flynn dans son ancien rôle, a exprimé sur X sa joie sincère teintée d’humour : « Un acteur fantastique, un homme adorable et, agaçant, un musicien plutôt brillant aussi. Je n’aurais pas pu mieux transmettre le bâton serpenté à quelqu’un d’autre. » Une manière élégante et subtile de passer la baguette, refusant toute polémique inutile.
A fantastic actor, a lovely man and, irritatingly, a rather brilliant musician too. Couldn’t have handed the snake-topped baton on to anyone better. Just please don’t make him sing…#HarryPotter #JohnnyFlynn#KillTheElfEarly https://t.co/SOERv7Jmqq
— Jason Isaacs (@jasonsfolly) June 9, 2025
Ces deux anciens Serpentards, traditionnellement du côté obscur dans l’histoire, nous montrent ainsi que même dans la vie réelle, il est parfois plus sage d’apaiser plutôt que de jeter de l’huile sur le feu.
Et si le plus gros scandale autour d’Harry Potter n’était pas dans les propos de Rowling ou les positions des acteurs, mais dans notre propre incapacité à simplement profiter d’une histoire sans l’instrumentaliser ?