Une réception de mariage, un changement de place discret et une alchimie qui surgit à la première réplique. C’est ainsi que débute « Materialists », le nouveau film de Celine Song, avec Pedro Pascal, Dakota Johnson et Chris Evans.

Ce moment anodin devient la pierre angulaire d’un triangle narratif soigneusement mis en scène, entre regards, secrets et jeux d’apparences.

Le film s’ouvre sur une scène que la réalisatrice qualifie elle-même de fondatrice. C’est la toute première qu’elle a écrite. Harry, incarné par Pedro Pascal, se glisse habilement à côté de Lucy, jouée par Dakota Johnson, lors de la réception du mariage de son frère. En déplaçant discrètement une carte de nom, il orchestre leur rapprochement.

Le dialogue qui suit s’inscrit dans une longue prise fixe, presque théâtrale. « On traite vraiment nos acteurs comme s’ils étaient sur scène », explique Celine Song, admirative de la maîtrise de ses comédiens. Le spectateur devient témoin privilégié d’une conversation intense, cadrée sans coupure, où chaque regard devient une promesse non dite.

Un troisième personnage s’invite discrètement

Mais c’est en arrière-plan que Celine Song dévoile l’une des clés du récit. Chris Evans, qui incarne John, traverse furtivement le cadre pendant la scène. Aucun mot, juste un passage visuel, presque anodin, mais savamment orchestré. « Je voulais que ce moment soit un secret, quelque chose qu’on ne remarque pas tout de suite », confie Song.

Ce détail sonore et visuel, presque fantomatique, trouve son écho quelques instants plus tard, quand Lucy partage son choix de boisson. Un indice glissé avec légèreté qui relie les personnages plus qu’il n’y paraît.

Celine Song signe ici une mise en scène minimaliste mais précise, où chaque élément a sa place. Elle choisit de ne rien précipiter. La caméra reste à distance, fixe, presque discrète, ce qui laisse l’interprétation des acteurs construire la tension dramatique. Dakota Johnson et Pedro Pascal enchaînent les répliques avec naturel, portés par un rythme maîtrisé et une écriture ciselée.

Une scène fondatrice qui révèle l’ADN du film

Avec cette première scène, Celine Song installe immédiatement les thèmes du film : les jeux d’apparences, les intentions voilées et les liens qui se tissent dans les interstices du quotidien. Rien n’est gratuit. Chaque détail, du plan fixe au bruit de pas de John, prépare le spectateur à une narration subtile et psychologique. « Materialists » s’annonce comme une œuvre intimiste, dense, où les dialogues sont aussi tranchants que les silences.