
Alors que le blockbuster de Denis Villeneuve éblouit par son scale épique, le film culte de David Lynch a été le premier a osé faire des choix fous. Mais et si le Dune de Lynch (1984) avait mieux saisi l’essence du livre que Villeneuve ? C’est une question à laquelle on répond.
Dialogues littéraires, visions psychédéliques et un Harkonnen gluant sont au rendez-vous. Parfois les choses kitsch deviennent cultes! Elles sont diablement fidèles à l’esprit bizarre de Frank Herbert. Et si la folie de Lynch était finalement… la plus prophétique ?
Et si le Dune de Lynch (1984) était finalement plus fidèle à l’esprit du livre ?
Alors que le Dune de Denis Villeneuve enchante par sa précision technique et son scale épique, l’adaptation de David Lynch en 1984, souvent qualifiée de “fiasco”, possède pourtant des qualités uniques.
Portée par un casting audacieux et des choix artistiques résolument bizarre, elle ose là où les films modernes restent prudents. À l’heure où une réédition physique du film de Lynch s’annonce, retour sur ce qui fait sa singularité.
Un casting qui incarne l’âme des personnages
Kyle MacLachlan incarne un Paul Atréides bien plus proche du livre : jeune, naïf, et progressivement transformé par son destin. Contrairement à Timothée Chalamet, déjà sombre et introspectif dès le premier plan, MacLachlan capture la métamorphose du personnage.
Autour de lui, des acteurs qui ont du charisme— Patrick Stewart, Max von Sydow — s’effacent derrière leurs rôles, là où le casting star de Villeneuve (Zendaya, Jason Momoa) peine parfois à faire oublier leur aura.
Des designs audacieux et mémorables
Sans les outils numériques d’aujourd’hui, Lynch a créé un univers tangible. Dans le film original les costumes baroques des Harkonnen, les stills suits texturés, les décors artisanaux et maquillages symboliques (comme les Bene Gesserit chauves) étaient incroyables pour l’époque.
Là où Villeneuve opte pour un réalisme littéral — parfois terne — Lynch assume un style théâtral et expressionniste. Le Baron Harkonnen visqueux et Alia enfant-démente restent gravés dans les mémoires, preuve que la prise de risque visuelle paie.
Une liberté créative assumée
Lynch n’hésite pas à s’écarter du livre : il ajoute des détails (les carlins des Atréides), modifie la structure et explore la métaphysique avec des séquences oniriques. Villeneuve, en revanche, reste scrupuleusement fidèle au texte.
Certes, parfois le film original manque de souffle créatif. Cette œuvre de 1984 est une interprétation, une vision d’auteur. Donc, là où Villeneuve remporte le point, c’est le fait que les nouveaux films sont des transpositions impeccables, certes moins personnelles des récits de Dune.
L’étrangeté assumée de l’univers Herbert
Dune est un livre bizarre — métaphysique, philosophique, peuplé de détails décalés. Lynch embrasse cette étrangeté : il conserve Alia enfant à l’intelligence d’adulte, les dialogues prophétiques et l’atmosphère psychédélique.
Villeneuve, lui, lisse les aspérités pour coller à un ton sérieux et épique. Résultat : le film de 1984, bien que bancal, capture mieux l’esprit “bizarre” du roman. Preuve que la folie de Lynch était peut-être… nécessaire.