
On pensait que l’électrification totale était inévitable, mais plusieurs constructeurs automobiles revoient leurs plans. Et ce revirement change la donne pour l’avenir du secteur.
Et si la révolution électrique ralentissait ? De plus en plus de constructeurs automobiles revoient leurs ambitions d’électrification à la baisse. Entre contraintes économiques et réalité du marché, ce secteur n’est plus une évidence.
Audi, Mercedes-Benz et Aston Martin reviennent à l’hybride
L’allemand Audi vient tout juste de revoir son objectif de passer au tout électrique d’ici 2033. Le constructeur automobile allemand relance effectivement les moteurs thermiques sous forme hybride, au détriment de l’électrification. Le PDG d’Audi a même admis que les modèles essence pourraient rester en production au-delà de cette date. Ils continueront tant que la législation européenne l’autorisera.
Mercedes-Benz, de son côté, repousse clairement ses ambitions. Il visait 50 % de ventes électrifiées (dont des modèles hybrides) d’ici 2025. Le constructeur automobile fixe désormais cette électrification à 2030, au mieux. En parallèle, Mercedes prévoit de relancer une gamme thermique complète d’ici 2027. L’électrique ne suffit donc pas à séduire tout le monde.
Quant à Aston Martin, son virage électrique s’éloigne. Il prévoyait son premier modèle 100 % électrique pour 2025, mais l’a repoussé à 2026… puis à 2027 au plus tôt. Ce constructeur automobile privilégie désormais le développement de modèles hybrides rechargeables plutôt que l’électrification totale. C’est un peu comme un pont entre essence et électrique, histoire de rassurer sa clientèle sans brûler les étapes.
Quels autres constructeurs ralentissent sur l’électrification ?
General Motors maintient officiellement son objectif d’une gamme entièrement électrique à l’horizon 2035. Mais dans les faits, la prudence est de mise. Une usine du Michigan, censée ne produire que des véhicules électriques, pourrait finalement accueillir aussi du thermique. Même avec de bonnes ventes, ce constructeur automobile préfère ajuster sa stratégie d’électrification selon la demande réelle.
Chez Ford, le virage électrique s’est révélé coûteux. L’annulation d’un SUV 100 % électrique et le report du pick-up électrique de nouvelle génération ont entraîné d’énormes pertes. Elles s’élèvent à près de 2 milliards de dollars. Ford revoit ainsi ses priorités, il mise désormais sur une plateforme électrique plus abordable pour concurrencer les marques chinoises.
Le constructeur automobile Cadillac a également changé de ton en ce qui concerne l’électrification. En 2019, la marque annonçait vouloir devenir 100 % électrique d’ici 2030. Mais en 2024, ses dirigeants parlent plutôt d’une “déclaration d’intention”. La relance de la gamme thermique montre bien que la transition sera plus lente que prévu.
Mazda souhaite miser sur un thermique plus propre
Mazda, à contre-courant, mise toujours sur le thermique. Au lieu de faire fond sur l’électrification, le constructeur automobile japonais veut perfectionner le moteur thermique grâce à son programme SKYACTIV-Z. Ce dernier vise une combustion plus propre et plus efficace. Un nouveau bloc sortira en 2027 pour le futur CX-5. On a ainsi la preuve que pour le fabricant de voitures japonaises, essence et innovation peuvent encore aller de pair.
Ces constructeurs automobiles mettent-ils l’électrification face au mur ?
Avec ce recul généralisé, doit-on penser que la transition vers le tout électrique serait moins inéluctable qu’on ne le pensait ? Face à une adoption plus lente que prévu, les constructeurs semblent revenir à des solutions hybrides ou thermiques. Ces dernières seraient plus rentables à court terme.
Résultat, le marché va probablement rester mixte bien plus longtemps. L’électrification à 100 % n’est plus un objectif universel pour les constructeurs automobiles. C’est plutôt une trajectoire soumise aux réalités économiques, politiques… et à la patience des consommateurs.